De Paris à Helsinki en train et ferry

La Finlande est le pays le plus heureux du monde. S’y rendre est donc une excellente idée, et bien que l’avion mette Paris à 3h30 de Helsinki, s’y rendre en train peut être une idée encore plus intéressante. Compter pour cette option un trajet de 3 à 4 jours en passant par l’Allemagne, le Danemark, puis en Suède le long de la mer baltique avant d’emprunter un ferry sur cette même mer jusqu’aux côtes finlandaises. Le plus rentable étant de prendre un pass Interrail qui permettra d’optimiser les coûts de transport (environ 250€/personne).

Jour 1 – de Paris à Hambourg

Sur le chemin vers Helsinki, la plupart des itinéraires se dirigent vers Hambourg pour y emprunter un train en direction du Danemark. Aussi, la première étape du trajet consiste à relier Paris à l’Allemagne en Eurostar (ex-Thalys). Depuis Paris Gare du Nord, on peut aller dans un premier temps vers les villes d’Amsterdam ou Cologne, lesquelles sont ensuite reliées directement par des ICE (le TGV Allemand) jusqu’à Hambourg.

Notre rame a heurté un volatile pendant son trajet

L’Eurostar est un moyen de transport confortable. Eurostar et Thalys ont été fusionnées sous le même nom en 2023, on reconnaît encore la livrée rouge Thalys qui caractérise les rames qui assurent la liaison continentale comme ici.

Une fois à Cologne Hbf (la gare centrale), un changement s’impose pour prendre l’ICE vers Hambourg. Un petit peu comme à Paris, il faut pour ce trajet changer de gare et se rendre à Cologne Messe près du parc des expositions. Celle-ci est en fait très proche de la gare de Cologne Hbf. En fonction des trains, certains ICE pour Hamburg partent aussi de la gare principale de Cologne.

De là, l’ICE pour Hambourg arrive. Les trains allemands ont la réputation d’être assez peu ponctuels, et ce trajet confirme cette impression : 1h de retard en raison de travaux sur les voies et de régulation du trafic. Il vaut mieux prévoir large lorsqu’on a une correspondance avec la DB, mais l’intérêt du réseau ferré allemand est qu’il y a des fréquences nombreuses et qu’il est donc plus facile de se reporter sur le train suivant. Ici, le trajet s’arrête à Hambourg pour aujourd’hui donc il y a peu de conséquences pour la suite.

Enfin, la voiture restaurant des ICE est très qualitative, avec un service à la place et de la vraie vaisselle !

L’ICE en gare de Hambourg

L’ICE arrive donc à Hamburg Hbf, la gare principale avec ses nombreuses enseignes et son “food court”, ce qui achève cette première journée Paris > Hambourg en train, en à peu près 9h de trajet.

Réservations de places

En Allemagne et au Danemark, la tarification des trains grandes lignes fait qu’on achète séparément le trajet, et en option, sa place assise. Concrètement, on doit voyager avec un titre de transport valide sur son parcours (ex : pass Interrail valide, billet origine/destination…), et on peut éventuellement réserver une place sur le train de son choix, pour une somme plus réduite (5€ sur DSB). Contrairement aux TGV en France où tout est compris (trajet + place), ou aux TER pour lesquels on n’a pas de réservation de siège.

Cela revient un peu au système pour lequel on réserve un billet d’avion, puis la compagnie propose de réserver un siège à bord moyennant un supplément, et dans le cas contraire, nous en attribue un au hasard. Sauf que là, sans réservation, on peut s’asseoir sur les sièges restants (correspondant à la classe de son billet/pass 1ère ou 2nde), ou ne pas avoir de place garantie en cas de sur-occupation.

Les sièges sont identifiés avec un affichage synchronisé qui montre le parcours sur lequel la place est réservée, ce qui permet d’occuper les places non réservées.

Le plus simple pour les voyageurs avec pass est de réserver sur le site d’Interrail, bien que les sites des compagnies permettent de sélectionner ses préférences de placement et n’appliquent pas de frais de dossier.

Jour 2 – de Hambourg à Copenhague / Malmö

Départ de la gare de Hamburg pour ce deuxième jour de voyage. Bien qu’il existe des trains directs entre Hamburg et Copenhague, certains trajets comportent une courte correspondance au Danemark. C’est le cas avec ce premier train qui nous emmène jusqu’à Fredericia au Danemark, pour prendre une correspondance vers Copenhague. Au départ de Hamburg, il s’agit d’un Intercités des DSB (Dänische Staatsbahnen, la compagnie publique Danoise).

Le train comporte un intérieur design et confortable, ses sièges gris au liseré rouge rappelant l’intérieur des TGV Océane en 1ère (ou plutôt l’inverse puisque les IC3, le matériel en question, ont été mis en service bien avant).

En première classe, des boissons chaudes, de l’eau, et quelques friandises (des marshmallows aromatisés) sont à disposition. Le chef de bord, après avoir contrôlé les billets, passe également proposer quelques snacks comme des sandwichs wasa au fromage.

Au cours de cette première partie du trajet, le train passe à Rendsburg (en Allemagne) sur un haut viaduc puis descend en altitude sur des voies surélevées qui forment une boucle surplombant la ville. Par la suite, au passage de la frontière danoise, un contrôle d’identité est effectué. Des policiers qui montent à bord en gare de Padborg, où un arrêt de 6min est prévu à cet effet.

L’IC pour Copenhague en gare de Fredericia

Notre Intercity arrive en gare de Fredericia, où la correspondance avec un autre Intercity pour Copenhague a lieu sous une pluie fine. Ces trains sont reconnaissables en apparence avec leur “boudin”, une sorte de pneu en extrémité. Utilité : pouvoir permettre une intercirculation lorsque deux rames de ce type sont assemblées entre elles, dans ce cas les coussins se collent entre eux et créent un assemblage étanche. La façade de la cabine, quant à elle, coulisse comme une porte. Il est donc possible de circuler entre les deux rames assemblées grâce au passage qui est ainsi créé.

Dans l’IC lors de la traversée du Grand Belt

Entre Fredericia et Copenhague, le train traverse des paysages intéressants comme ici le long viaduc pour traverser le détroit du Grand Belt. L’arrivée à Copenhague se fait au bout de près de 5h de trajet depuis Hamburg.

La gare de Copenhague

Une fois dans la capitale danoise, la dernière étape ferroviaire du trajet consistera demain à aller jusqu’à Stockholm pour y prendre le ferry. Mais en cette fin de journée on peut prendre un peu d’avance sur le lendemain en traversant la frontière avec un court trajet jusqu’à Malmö, où les hôtels sont d’ailleurs moins onéreux.

Traversée du pont sur l’Oresund de Copenhague à Malmö

La liaison entre Copenhague au Danemark et Malmö en Suède est possible en 40min grâce au pont sur l’Oresund. Il s’agit d’une installation comprenant un pont routier et ferroviaire de 7km passant au-dessus de la mer baltique, cette traversée du détroit étant aussi complétée par un passage dans un tunnel et une île artificielle. Depuis Copenhague, on dessert l’aéroport, le passage s’effectue dans un tunnel puis sur l’Île artificielle avant de s’engager sur le pont. Avec un départ à peu près toutes les 15 minutes, cette liaison transfrontalière fait de Malmö et des villes frontalières en Suède la “banlieue” de Copenhague avec de nombreux navetteurs qui effectuent le trajet quotidiennement.

Emprunté à l’heure de pointe, l’Oresundstag, le train transfrontalier entre Copenhague et la Suède, est bien rempli. Ce train est exploité par les DSB (compagnie publique danoise) et les SJ (compagnie publique suédoise).

La traversée du pont par le train, avec les voies qui sont en dessous de l’autoroute, se fait selon les modalités danoises : sens de circulation à droite et courant 25 kV 50 Hz. Arrivée au bout du pont, en Suède, la rame revient sur une circulation à gauche comme c’est le cas dans l’ensemble du pays, et passe sur une autre alimentation électrique.

L’Oresundstag à Malmö

Il s’agit donc d’un court trajet emprunté majoritairement par des navetteurs quotidiens, auxquels on se mêle de notre côté pour cette étape du trajet Paris > Helsinki.

Traversée entre l’Allemagne et le Danemark par la ligne de route des oiseaux

Le trajet du jour entre Hambourg et Copenhague/Malmö par la voie terrestre nous a pris 5h, en suivant les différentes îles et en empruntant les ponts existants. Il y a également une liaison entre l’Allemagne et le Danemark par la mer, appelée la Fugleflugtslinjen en danois, “la ligne de la route des oiseaux”. Il s’agit en effet d’un itinéraire emprunté par les oiseaux migrateurs, mais aussi traversé par des ferries et dans quelques années, par un tunnel.

Les infrastructures existantes (notre trajet est donc passé par le chemin le plus long, via le Nord-Ouest), et en bleu clair, la Fugleflugtslinjen

Sur cette Fugleflugtslinjen, des ferries relient les villes côtières de Puttgarden (en Allemagne) et Rodby (au Danemark). Et jusqu’en 2019, ces ferries étaient d’ailleurs empruntés par les trains entre l’Allemagne et le Danemark, ceux-ci embarquant sur les ferries comme sur le détroit de Messine. Désormais, c’est la liaison continentale via le Grand Belt (la jolie photo de la traversée un peu plus haut prise depuis le train danois) qui prime. Le temps de trajet est à peu près équivalent à ce qui se faisait en ferry, et cette option terrestre (mais moins poétique) est privilégiée car des travaux sont effectués sur les voies au Danemark entre Rodby et Copenhague en vue de l’ouverture d’une liaison plus performante via un tunnel.

Le projet de tunnel du Fermern doit en effet relier Puttgarden en Allemagne à Rodby au Danemark. Un tunnel routier et ferroviaire de 18km qui devrait mettre en 2029 Hambourg à 2h30 de Copenhague, et faciliter ainsi les trajets en train entre l’Europe centrale et la Scandinavie.

Jour 3 – De Malmö à Stockhlom

Ce troisième jour de trajet est assez simple : relier Malmö à la capitale suédoise en un trajet. Plusieurs options sont possibles, avec par exemple le Snalltaget, exploité par une compagnie privée filiale de l’entreprise française Transdev.

Une locomotive de Snalltaget en gare de Malmö

Snalltaget propose des trajets entre Malmö et Stockholm, et un train de nuit entre Berlin et Stockholm. Ce train de nuit est d’ailleurs une option alternative pour ce trajet, qui consiste en effet à le prendre à Hambourg pour se réveiller à Stockholm plutôt que faire ce même trajet de jour (comme nous l’avons fait avec une halte à Malmö). Une option plus rapide et plus économique en nuits d’hôtels.

On empruntera ce jour le train de la compagnie nationale suédoise SJ jusqu’à la capitale. Ce dernier part de Copenhague, traverse l’Oresund, dessert Malmö et se rend, sans changement, jusqu’à Stockholm.

L’intérieur du lounge SJ 1ère

Un “lounge” est accessible avant le départ pour tous les clients avec un billet 1ère classe, avec des boissons et un petit déjeuner à disposition. Et si l’on n’a pas le temps d’en profiter, une box petit déjeuner est également remise à bord en 1ère pour les trains circulant avant 10h.

Petit déjeuner servi en 1ère classe

Le petit déjeuner a l’air d’être important en Suède car c’est le seul service à bord qui soit proposé, les trains circulant après 10h n’ont pas le droit à leur box repas ! Enfin, comme pour les trains danois (et finlandais), des boissons chaudes sont à disposition dans un petit corner de la 1ère classe.

Autre privilège matinal, on profite du lever de soleil sur la campagne suédoise. Le trajet dure 4h30 et traverse de jolis paysages (forêts, lacs…) jusqu’à Stockholm. Le train qui assure ce trajet est le train à “grande vitesse” suédois, un X2000 qui peut aller jusqu’à 200 km/h (technologie pendulaire) et dont l’aérodynamisme rappelle celui d’un TGV.

Mais en comparaison avec les trains Snalltaget (des trains tractés à vitesse classique), dont le temps de parcours s’élève à 5h, l’avantage des X2000 reste relatif. Les arrêts sont nombreux et le différentiel de vitesse n’est pas si élevé face à ses concurrents.

Le X2000 en gare de Stockholm Central

Avec une arrivée à Stockholm à midi, cela laisse le temps de se diriger tranquillement vers le port avec la ligne de métro directe depuis la gare principale.

Jours 3 & 4 – de Stockholm à Helsinki en Ferry

La dernière étape du trajet se fera en ferry. Évidemment, il n’existe pas vraiment de liaison ferroviaire directe entre Stockholm et la Finlande, bien qu’il soit possible d’aller tout au Nord en train pour passer la frontière en bus à Kemi.

Il y a des rotations fréquentes de bateau entre Stockholm et la Finlande. Le trajet durant une bonne journée, les compagnies Viking Line et Slija Line proposent des traversées de jour moins chères entre Stockholm et Turku (à l’Ouest de Helsinki), et des traversées de nuit aussi bien pour Turku que Helsinki. Des réductions sont proposées aux détenteurs de pass interrail.

Pour ce trajet, on empruntera le Silja Serenade de la compagnie Silja Line. Ce navire peut accueillir 2852 passagers dans près de 1000 cabines.

L’embarquement piétons est en fait assez rapide : on passe à une borne ou un guichet pour effectuer son check-in, puis on passe son billet dans des portiques. A cette occasion, on récupère aussi sa carte de cabine. Pas de formalités lourdes de sécurité ou de contrôles douaniers.

La cabine avec hublot vue mer

Le ferry est tout confort à bord, avec une grande allée centrale comprenant des boutiques, des restaurants, lesquels sont par ailleurs assez chers ! Concernant les boutiques, le duty-free semble très apprécié des scandinaves qui profitent d’alcool et de produits sucrés à prix réduit, là où ces achats sont fortement taxés sur terre en Finlande comme en Suède. Il y a donc des supermarchés à bord avec de larges packs de canettes ou de chocolats à vendre.

L’allée centrale. Certaines cabines ont une fenêtre qui donne sur celle-ci.

L’avantage d’un départ en fin d’après-midi dans le sens Stockholm-Helsinki est de pouvoir profiter du départ de Stockholm et d’observer le long passage parmi de nombreuses îles et les côtes suédoises. Avant que le navire passe en mer Baltique, et effectue une escale de nuit à Mariehamm sur les îles Aland, une traversée de plusieurs heures est effectuée dans l’archipel de Stockholm.

Par chance, la météo est même excellente et offre à voir des arc-en-ciels et un super coucher de soleil. Le ferry n’est pas très rempli, il est facile de profiter des différents espaces.

Jour 4 – Arrivée à Helsinki et trains en Finlande

La Slija Serenade arrive le lendemain en Finlande à 11h, avec 30min de retard. Le navire a en effet navigué durant une tempête, celle-ci n’a pas été ressentie à bord. Mais des journalistes locaux étaient présents à l’arrivée pour interviewer les passagers sur leurs conditions de voyage, ce qui témoigne de l’ampleur de celle-ci.

Le trajet de Paris à Helsinki s’est donc fait en près de 4 jours (on arrive au matin du 4ème jour), le tout sans emprunter de trains finlandais.

Ces derniers sont opérés par l’entreprise nationale VR, et HSL en banlieue d’Helsinki. Ces trains sont inter-opérables avec le standard Russe, l’écartement des rails étant de 1,524mètres. Le réseau avait commencé à être construit avant l’indépendance de la Finlande vis à vis de la Russie en 1917, c’est depuis cette norme qui a continué de prévaloir. Il existait une liaison directe entre Helsinki et St Petersbourg par le train Allegro, avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Les trains longue distance, des Intercités assurés avec un matériel tracté à deux niveaux, sont pour la plupart rénovés et comportent des intérieurs design. Comme au Portugal, certaines liaisons longue distance sont assurées avec un matériel Pendolino à un niveau. Il existe deux classes : la classe standard (2nde classe), et la classe “Ekstra” (1ère classe) avec des sièges plus larges et un coin café en libre service. Les intérieurs sont bien travaillés avec des espaces variés, par exemple un coin famille avec des jeux et un toboggan, une cabine pour s’isoler en téléphonant, des sièges qui font face aux fenêtres pour regarder le paysage…

Une voiture restaurant très qualitative (vraie vaisselle, plats chauds…) est aussi disponible dans la plupart des trains longue distance, en plus d’un trolley qui peut passer dans les voitures à deux niveaux grâce à un monte-charge. On peut aussi commander son repas à la place avec l’application mobile très ergonomique des chemins de fer finlandais.

Enfin, des trains de nuit vers le nord du Pays (Kolari, Rovaniemi…) permettent d’aller voir les aurores boréales. Il est d’ailleurs possible de charger sa voiture sur des wagons spéciaux afin de la retrouver à l’arrivée, comme le proposait auto/train en France.

De manière générale, la Finlande est un pays très agréable à vivre malgré des journées très courtes en hiver. La proximité de la nature et le bien-être des habitants en font une super destination. Le fait de s’y rendre en train permet bien sûr de mieux apprécier la distance, en profitant par exemple des différentes escales. Mais on apprécie aussi les changements progressifs dans des choses banales : d’une ville à l’autre, on remarque que la signalisation dans les rues change, la langue parlée prend une autre tonalité, certains produits vendus dans les supermarchés disparaissent tandis que d’autres font leur apparition (comme le “long drink” finlandais appelé “lonkero”, introuvable en France et incontournable en Finlande, qu’on commence à trouver en Suède)… et donc la transition de la France à la Finlande est progressive et lente.

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