Faire de la gestion démocratique de l’Université un atout dans un contexte incertain
Alors que nous entrons dans un nouveau quinquennat présidentiel, que l’avenir de l’ESR est incertain, il me semble important de commencer par une analyse du contexte.
Cette analyse conduit notamment à s’intéresser à la spécificité de l’Université, à savoir sa gestion démocratique et sa relative autonomie, ainsi que son lien aux autres établissements, thèmes sur lesquels j’ai souhaité vous faire part de mes réflexions.
Élection d’Emmanuel Macron : des perspectives incertaines pour l’Université telle que nous la connaissons
Si on peut en partie se féliciter de l’éviction du Front National au second tour de l’élection présidentielle, le programme candidat adverse sur l’enseignement supérieur et la recherche présente en partie des orientations inquiétantes l’Université.
L’autonomie accrue des établissements et les « nouveaux modes de gouvernance » présagent hélas que la logique de mise en concurrence des établissements et les inéquités de financement par étudiant.e générées par les appels à projets ne sont pas prêtes de s’atténuer. D’un autre côté, difficile de détecter une intention claire de réinvestissement budgétaire public.
Pire encore, la suppression des aides au logement ou l’augmentation des frais d’inscription (via des mécanismes d’emprunt) semblent être sur la table, à en croire les « macron leaks« .
La relative autonomie de l’Université doit nous permettre de nous adapter à ce contexte, de relativiser et compenser ces réformes (par exemple, dans les choix que nous ferons en matière de frais d’inscriptions ou de capacités d’accueil), et de maintenir par tous les moyens possibles notre caractéristique de service public accessible au plus grand nombre tant d’un point de vue financier qu’académique.
Rennes 1 – Rennes 2
La fin du mandat de Jean-Émile Gombert et les nouvelles élections dans les conseils centraux de l’Université ont stoppé net le processus de fusion, désavantageux pour notre Université, entre Rennes 1 et Rennes 2.
Cette question, bien qu’ayant refait surface à l’occasion du rejet de financement I-SITE au mois de Mars, ne semble aujourd’hui pas privilégiée plus qu’une autre dans l’avenir de la structuration du site rennais. Les établissements semblent en effet s’orienter vers un nouveau type d’établissement, une « université intégrée« .
Les liens entre Rennes 1 et Rennes 2 sont aujourd’hui très concrets dans plusieurs domaines : la gestion de services inter-universitaires comme le SIMPPS, Mazier qui regroupe sur un même campus des formations délivrées par Rennes 1 et Rennes 2, certains diplômes, comme MIASHS qui est partagé entre Rennes 2 (UFR Sciences Sociales) et Rennes 1 (Faculté des sciences économiques) et pour lequel différentes modalités administratives et d’évaluation (charte des examens Rennes 1 / Rennes 2 par exemple) se croisent. Il est par ailleurs souhaitable de nous rapprocher des autres établissements du site rennais sur un certain nombre de sujets comme la vie étudiante à l’échelle de la métropole.
Je n’ai pas d’opposition de principe à telle ou telle option de rapprochement, ni au principe de rapprochement même. Ma vigilance porte davantage sur les conséquences éventuelles d’un tel projet plus qu’au principe même. La question de la gouvernance et des rapprochements universitaires suppose ainsi à mon sens deux conditions : la transparence, de débat et l’aval de la communauté universitaire de Rennes 2, souveraine dans ses orientations. La préservation des conditions d’études : un rapprochement ne doit pas se faire au dépens de formations ou de laboratoires, du taux d’encadrement, ou de services de proximité.
Fonctionnement des conseils
Comme je l’ai indiqué plus tôt, je suis globalement satisfait des conditions dans lesquelles se déroulent la CFVU et le CAC, en ce qui concerne mon expérience. La prise de parole ainsi que le dépôt de motions y sont possibles librement, ce qui en fait de véritables instances démocratiques. Le report du vote du projet d’établissement, afin de nous laisser le temps de nous pencher dessus, montre une volonté de permettre un cadre de débat éclairé et serein.
Je pense que nous devons gagner en clarté dans l’usage. Dans le cadre de la révision des statuts, il serait souhaitable d’élaborer un règlement intérieur définissant le fonctionnement des différents conseils. Il serait également souhaitable que la commission de révision des statuts soit composée de membres du CA mais aussi du CAC.
Focus sur la section disciplinaire
Sur le précédent mandat, j’étais élu suppléant de la section disciplinaire. J’ai participé à quelques réunions de cette juridiction administrative spécialisée, en formation d’instruction comme en formation de jugement. Il y a ainsi une vraie volonté de recherche de la vérité, d’équité, et de justification de la sanction prononcée. Cette année, j’y candidate en tant que membre titulaire.
Il me semble important de conférer à ses membres les moyens de prononcer leur jugement en conscience, au regard du contexte et des procédures légales en vigueur. Les membres qui le souhaitent et notamment les élu.es étudiant.es devraient ainsi pouvoir bénéficier d’une formation, en lien avec le service juridique de l’Université et la médiatrice, sur les compétences et le rôle de la section disciplinaire, ses incidences pour l’établissement. Cette formation pourrait aussi se faire en lien avec le tribunal administratif de Rennes et être mutualisée avec d’autres établissements rennais, comme le fait le président du tribunal à destination des conseils de discipline des lycées.